POLLUTION DE L’AIR : Une autre approche grâce la mesure de l’exposition individuelle

7 Fév 2024 | articles

La pollution de l’air est désormais clairement identifiée comme une menace majeure pour la santé humaine. Beaucoup d’efforts sont déployés pour créer des cartes de la qualité de l’air avec une meilleure résolution spatiale et temporelle afin de mieux comprendre la nature de l’air que nous respirons.

C’est une bonne chose… mais nous passons à côté d’un point important : les cartes de la qualité de l’air ne sont pas le seul (ni le meilleur) outil pour évaluer l’impact de la qualité de l’air sur notre santé.

Tout d’abord, la plupart d’entre nous passent plus de 90 % de leur temps à l’intérieur, où la qualité de l’air est très différente de celle que l’on trouve à l’extérieur et que l’on peut voir sur les cartes de la qualité de l’air. Certains événements exceptionnels, tels que des incendies de forêt ou des épisodes de pollution intense, nous rappellent le lien entre l’air extérieur et l’air intérieur, mais la plupart du temps, les niveaux et même la nature des polluants sont différents.

Si l’on examine la littérature, les documents de recherche ou même l’industrie, la qualité de l’air intérieur et extérieur est souvent traitée comme deux disciplines distinctes. Et c’est logique puisque les principaux polluants sont différents, ont des sources différentes, des dynamiques différentes…

Cependant, lorsque nous respirons, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, nous respirons.

C’est là qu’entre en jeu le concept de surveillance de l’exposition personnelle, qui cherche à mesurer la pollution de l’air dans notre environnement direct, à tout moment, et qui ne s’appuie pas uniquement sur les cartes de la qualité de l’air, mais utilise souvent des « wearables » et des capteurs portables pour recueillir des informations.

Cette approche diffère considérablement de celle traditionnellement utilisée pour la surveillance de la qualité de l’air.
Vous fumez dans votre voiture ou vous faites griller des côtes sur votre barbecue ?
Les données sur la pollution de l’air que vous recueilleriez à ce moment-là devraient être supprimées si vous effectuez une surveillance traditionnelle de la qualité de l’air. En revanche, elles sont tout à fait pertinentes si vous souhaitez évaluer votre exposition personnelle et adapter votre comportement en conséquence.

Exemples de capteurs / wearables

La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un équipement coûteux pour faire cela et qu’en fait, le résultat que vous obtenez avec un appareil à 200 € est probablement plus pertinent – nous pourrions même dire plus précis – que les données que vous obtiendriez de la station de référence haut de gamme située de l’autre côté de la rue. Peut-on alors se contenter de comparer les deux technologies ? Non, car en fin de compte, même si les deux mesurent les polluants atmosphériques, l’objectif n’est pas le même.

Cela m’a frappé pendant le Covid, où de nombreuses études ont montré combien de vies avaient été sauvées parce que, le trafic ayant diminué, le NO2 a baissé et, par conséquent, la mortalité due à la pollution de l’air a également baissé https://www.theguardian.com/environment/2022/jan/26/improved-air-quality-first-lockdown-saved-800-lives-europe. Ces conclusions ont été tirées grâce à l’approche traditionnelle de surveillance de la qualité de l’air utilisant des stations de référence et la modélisation.
Comme nous le savons tous, la pollution de l’air à l’intérieur des bâtiments est 2 à 5 fois plus élevée que la pollution à l’extérieur https://www.epa.gov/report-environment/indoor-air-quality. Cette conclusion semble donc sinon fausse, du moins discutable. Cela montre que nous avons encore du mal à résoudre ce type de problème par l’approche traditionnelle, et c’est là que les dispositifs portables et la surveillance de l’exposition personnelle apportent de nouvelles perspectives.

Et vous seriez aussi surpris que moi lorsque j’ai réalisé que près de 80 % de mon exposition quotidienne aux particules se produisait dans ma cuisine et non dans la rue.

Exposition-qualite-air-pm2.5

Mon exposition personnelle aux PM 2,5, sur la base de 270 000 enregistrements

Compte tenu des impacts sanitaires et économiques, la surveillance de l’exposition individuelle à la qualité de l’air devrait être considérée par toutes les entreprises comme une priorité absolue pour atteindre leurs objectifs Environnementaux Sociaux et de Gouvernance (ESG). Avec des impacts efficaces et mesurables, elle constitue un levier important pour améliorer la qualité de vie des employés et aider les entreprises à respecter leurs engagements.

Ces dispositifs ont-ils des limites et des défauts ? Oui, beaucoup. Mais utilisés de manière appropriée, ils peuvent fournir des informations précieuses sur votre exposition personnelle, dans votre espace personnel ou professionnel.

Ils peuvent vous aider à adapter votre comportement à un coût abordable, même s’ils ne s’intègrent pas dans le processus traditionnel de surveillance de la qualité de l’air.

Les cartes à haute résolution spatiale et temporelle restent un outil essentiel et il nous en faut davantage. La modélisation, la technologie satellitaire, les réseaux de capteurs denses et l’essor de la nouvelle génération de capteurs mobiles (montés sur des voitures ou des bus) sont des atouts indéniables pour mieux comprendre notre environnement et évaluer l’impact de la pollution de l’air sur notre santé à l’échelle mondiale.

En conclusion, nous devrions viser la complémentarité : la surveillance traditionnelle de la qualité de l’air est le seul moyen de collecter des informations homogènes à grande échelle et d’obtenir des prévisions sur un large éventail de polluants. Si nous voulons nous concentrer sur une situation spécifique (personne, activité, processus), la surveillance personnelle, avec ses propres outils et protocoles, est une approche puissante pour mieux comprendre nos interactions avec l’air que nous respirons.

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